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dimanche, 11 septembre 2005

Le style est l'homme même

Avant Barthes, Buffon et avant Buffon, Pascal :

"Style. Quand on voit le style naturel on est tout étonné et ravi, car on s'attendait de voir un auteur et on trouve un homme. Au lieu que ceux qui ont le goût bon et qui en voyant un livre croient trouver un homme sont tout surpris de trouver un auteur. Plus poetice quam humane locutus es." (Pensées)

Variante : chez les uns, le style trahit le moi social ; chez les autres, il se constitue en métaphore du moi littéraire.
Un écrivain sans style n'a pas plus d'existence que le couteau de Lichtenberg.

Commentaires

Voilà une question intéressante et qui mérite développements ! Quand on voit le style naturel donc, en réalité, si je vous suis, et dans le meilleur des cas, on trouuve un auteur et un homme, à tout le moins on trouve un auteur, mais est-ce bien ce que vous (ou Pascal) a voulu dire ?

Écrit par : Ray | lundi, 12 septembre 2005

Cela mériterait en effet de longs développpements et quelques relectures préalables, notamment celle des premières pages du "Degré zéro" ou de l'abondante littérature relative aux notions d'auteur empirique, d'auteur modèle et/ou virtuel, etc. (cf. Eco, Jaap Lintvelt et al.). Sans compter que le fragment pascalien n'est pas non plus, en effet, d'une absolue limpidité...
Ce que je voulais dire, beaucoup plus simplement (et peut-être trivialement), c'est que certains écrivains, quoi qu'ils racontent ou inventent, quelque fiction qu'ils construisent, semblent toujours parler d'eux-mêmes, à tel point qu'ils doivent régulièrement rappeler au public que ce qu'ils disent ne doit pas être pris pour une confidence personnelle. Parmi ceux-là, par exemple, Harrison ou Modiano. D'autres, alors qu'ils ne font que parler d'eux-mêmes et dénudent ce qu'il y a en eux de plus intime, trnsforment toute parole personnelle, à l'instant où ils la couchent sur le papier, en littérature : Michon, Quignard, peut-être Renaud Camus... Lesquels sont les "vrais" ou les "grands" écrivains, c'est un autre et vaste problème !

Écrit par : C.C. | lundi, 12 septembre 2005

Giono, un grand styliste, a écrit : « Si vous êtes généreux ou cruel, courageux ou lâche, cela se voit dans le style, quelle que soit l’histoire que vous racontez et quel que soit le soin que vous prenez à vous masquer ». Qu'en pensez-vous ?

Écrit par : Ray | lundi, 12 septembre 2005

C'est toujours, au fond, la même idée, que Barthes reformulera avec son... style propre : "... des images, un débit, un lexique naissent du corps et du passé de l'écrivain et deviennent peu à peu les automatismes mêmes de son art. Ainsi sous le nom de style se forme un langage autarcique qui ne plonge que dans la mythologie personnelle et secrète de l'auteur [...] Quel que soit son raffinement, le style a toujours quelque chose de brut [...] Ses références sont au niveau d'une biologie ou d'un passé, non d'une Histoire : il est la "chose" de l'écrivain, sa splendeur et sa prison, il est sa solitude [...] Par son origine biologique, le style se situe hors de l'art, c'est-à-dire hors du pacte qui lie l'écrivain à la société [...] L'horizon de la langue et la verticalité du style dessinent donc pour l'écrivain une nature, car il ne choisit ni l'une ni l'autre." ("Qu'est-ce que l'écriture" in "Le Degré zéro", rééd. Points, 1972, p. 16-17)

Écrit par : C.C. | lundi, 12 septembre 2005

Lumineux !

Écrit par : Ray | lundi, 12 septembre 2005

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