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dimanche, 09 avril 2017

Petit livre rouge 2

Pas si petit que ça, d'ailleurs, puisque ce Journal de Klee compte quelque 360 pages, dont la lecture se révèle assez vite fastidieuse. Il s'agit moins, apparemment de véritables "papiers journaux", livrés tels quels, dans leur spontanéité, de notes rédigées à chaud, que d'une réécriture appliquée dont l'intérêt est souvent problématique. La plus grande partie du volume — correspondant à ce qu'on peut considérer comme des "années d'apprentissage" — pâtit assez visiblement de l'immaturité de l'auteur, avec un côté "stendhalien", anecdotique, superficiel. Les considérations esthétiques sont floues et l'on cherche en vain cette "magnification du quotidien" qu'évoque une quatrième de couverture un peu bien flatteuse.
Peut-être ai-je lu cela dans de mauvaises dispositions ; peut-être ai-je été agacé par les jugements péremptoires et dépréciatifs portés sur des peintres que j'aime tout particulièrement — Bonnard, Vuillard, Vallotton — ou des musiciens comme Bruckner ou Mahler ? Est-ce la traduction de Pierre Klossowski ? Quoi qu'il en soit, je n'aurai pas le scrupule d'entreprendre une relecture qui pondérerait mon impression première, sommaire et injuste sans doute.
Seule, en fait, me touche l'épitaphe du peintre, citée en appendice :

ICI REPOSE LE PEINTRE
PAUL KLEE,
NÉ LE 18 DÉCEMBRE 1879,
MORT LE 29 JUIN 1940.

ICI-BAS JE NE SUIS GUÈRE SAISISSABLE
CAR J'HABITE AUSSI BIEN CHEZ LES MORTS
QUE CHEZ CEUX QUI NE SONT PAS NÉS ENCORE.
UN PEU PLUS PROCHE
DE LA CRÉATION QUE DE COUTUME,
BIEN LOIN D'EN ÊTRE JAMAIS ASSEZ PROCHE.

(Paul Klee, Journal — Traduit de l'allemand par Pierre Klossowski, Grasset, "Les Cahiers rouges", 2004)

La traduction de l'inscription funéraire — qui reprend les propres mots de Klee — est un peu différente dans le numéro hors série de Télérama, "Paul Klee magicien des signes" (avril 2016) : "En ce monde nul ne peut me saisir. Car je réside aussi bien chez les morts que chez ceux qui ne sont pas nés. Un peu plus près du cœur de la création qu'il n'est d'usage, et pourtant encore bien trop éloigné."