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mercredi, 19 octobre 2016

Unheimliche

Petites proses d'André Hardellet.
Le charme désuet, l'inquiétante familiarité des vignettes naïves d'un vieux tarot Grimaud.
"Les fenêtres laissent voir un ciel couvert. Son sac posé près de lui, un homme en blouse mange une gibelotte ; au comptoir, le tenancier discute à voix basse avec deux braconniers, deux brutes armées de triques. La servante les observe, immobile. Il y a quelque chose d'inerte, de figé dans cette auberge aux murs lie-de-vin et une indéfinissable complicité réunit ces personnages du hasard."("Campagnes" in Sommeils, Seghers, 1960)
Ce passage me rappelle la "taverne rouge" des premières pages de La Grande Beune :
"On descendait par trois marches à la salle commune ; elle était enduite de ce" badigeon sang de bœuf qu'on appelait naguère rouge antique ; ça sentait le salpêtre ; quelques buveurs assis parlaient haut entre des silences, de coups de fusil et de pêche à la ligne ; ils bougeaient dans un peu de lumière qui leur faisait des ombres sur les murs..." (Pierre Michon, La Grande Beune, Verdier, 1996)
Scènes banales et crépusculaires, qui suscitent chez le lecteur de trompeuses anamnèses...